Synode des jeunes : Instrumentum Laboris

Le Pape appelle les jeunes à ne pas se laisser normaliser.

Du 3 au 28 octobre prochain se tiendra à Rome le synode des évêques sur les jeunes, la foi et les vocations. Le fr. Frédéric-Marie, responsable de la Pastorale Jeunes et Vocations des frères mineurs de la Province de France-Belgique, nous partage ses premières impressions à la lecture du document préparatoire.

Fr. Frédéric-Marie, tout d’abord, peut-être une question de vocabulaire : c’est quoi un synode ?

Le synode est une réunion d’évêques convoquée par le Pape pour discuter en Église de sujets importants pour sa vie, pour la vie des chrétiens, pour discerner des moyens de vivre en disciples du Christ dans le monde contemporain. Il y a eu par exemple un synode sur la famille qui a donné lieu à l’important document Amoris Laetitia. Le Pape François a voulu ce synode pour permettre aux jeunes de mieux prendre leur part à la mission, de partager leurs espérances, leur vitalité, enthousiasme pour le Christ, leurs rêves pour que l’Église soit mieux comprise. Ce n’est pas un synode pour faire de la retape! C’est un nouvel engagement à ouvrir les portes plus largement aux nouvelles générations.

Tu as lu le document préparatoire. Quelle a été ta première réaction ?

FM : J’ai d’abord été frappé par la cohérence des textes que le Pape François nous donne cette année pour préparer le synode. On ne peut pas lire ce document, sans avoir en tête l’exhortation apostolique Gaudete et exsultate qui parle de la sainteté pour aujourd’hui. La sainteté ne concerne pas quelques privilégiés. Elle est la vocation de tous les baptisés. Dans tous ces textes, le Pape insiste sur la proximité de Dieu. Je pense à la phrase du Deutéronome: « Car la parole est tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur pour que tu la mettes en pratique » (Dt 30,14). La sainteté finalement ce n’est pas compliqué: c’est accepter de laisser Dieu prendre de la place dans nos vies. Cela demande des efforts, sans doute, mais paradoxalement, quand le Seigneur nous saisit, ce sont des efforts pour nous laisser faire!

Tu utilises un mot qui fait peur : vocation ? Qu’est ce que c’est la vocation ?

FM : La vocation vient d’un verbe qui signifie appeler. Et comme la sainteté, elle concerne tout le monde. Nous avons fait de la vocation un grand mot du discernement spirituel. J’accompagne des jeunes qui se posent la question de leur vocation. Mais souvent nous la réduisons à un choix de devenir prêtre ou religieux/se. « Est-ce que j’ai la vocation? » Je réponds toujours : « oui. Tu as la vocation… Reste à savoir laquelle ! » Dieu nous appelle tous. Dieu nous invite tous à le suivre, mais pas de la même façon. La vocation, d’une certaine manière, c’est le chemin que m’offre Dieu pour le bonheur. Pour certains, ce sera le mariage; pour d’autres le célibat consacré ou le sacerdoce. Mais cela peut être aussi une orientation professionnelle, un choix qui engage la vie fortement, comme j’en vois de plus en plus en lien avec la sauvegarde de la Création: faire vivre une ZAD, ou quitter la ville pour reprendre un gite rural… ce sont aussi des questions vocationnelles! Vivre sa vocation ne rend jamais triste. Ce n’est pas forcément facile tous les jours, mais c’est un chemin parcouru avec Jésus, un chemin de joie profonde et d’épanouissement, le chemin des Béatitudes. Ce sera une grande question du synode: comment aider les jeunes à discerner leur vocation? comment nos paroisses, nos mouvements peuvent-ils approfondir leur mission d’être des lieux de formation humaine, spirituelle, d’accompagnement pour tous ceux qui sont en recherche…

Alors, le synode est une bonne nouvelle pour les jeunes…

FM : Ce synode n’est pas seulement une bonne nouvelle pour les jeunes. Elle l’est, c’est vrai, car l’Église toute entière est invitée à se mettre en mouvement pour mieux les comprendre et les accueillir. Le synode est aussi une bonne nouvelle pour tous les Chrétiens. Je ne suis pas un vieux frère (!) et j’avoue avoir toujours du mal à entendre que les jeunes sont l’avenir de l’Église ! Non. Ils sont sa vie déjà aujourd’hui. Il y a parfois une forme de paternalisme: il faut bien que jeunesse se fasse. Sous-entendu : faisons le gros dos, ils finiront bien par devenir vieux comme nous ! Le Pape appelle les jeunes à ne pas se laisser normaliser. C’est vous les premiers évangélisateurs d’une culture qui évolue si rapidement ; c’est vous qui la connaissez le mieux et qui pourrez trouver les moyens de lui dire avec audace la vie que Jésus veut donner en abondance. Ce n’est pas une idéologie de ravalement de façade pour faire jeune et combler les vides. Sur ce sujet, comme sur beaucoup d’autres, le Pape nous invite à une profonde conversion. J’invite tous ceux qui se sentent concernés à reprendre régulièrement cette prière proposée par le Pape :

Seigneur Jésus, ton Église qui chemine vers le synode. Tourne son regard vers tous les jeunes du monde. Nous te prions pour qu’avec courage, ils prennent en main leur vie, qu’ils aspirent aux choses les plus belles et les plus profondes et qu’ils conservent toujours un cœur libre.

Aide-les à répondre, accompagnés par des guides sages et généreux, à l’appel que tu adresses à chacun d’entre eux, pour qu’ils réalisent leur projet de vie et parviennent au bonheur.

Tiens leur cœur ouvert aux grands rêves et rends-les attentifs au bien des frères.

Comme le Disciple aimé, qu’ils soient eux aussi au pied de la Croix pour accueillir ta Mère, la recevant de Toi en don. Qu’ils soient les témoins de ta Résurrection. Et qu’ils sachent te reconnaître, vivant à leurs côtés, annonçant avec joie que Tu es le Seigneur.

Amen.

L’Osservatore Romano, éd. hebdomadaire en langue française, n.15, 13/04/2017. © Copyright – Libreria Editrice Vaticana

A vrai dire, j’aurais aimé ajouter un autre paraphe pour décentrer notre regard des seuls jeunes et faire sentir qu’il s’agit d’un processus essentiel pour toute l’Église :

Donne à tous les pasteurs, à tous ceux et celles qui déjà s’engagent généreusement dans ton Église, d’apprendre à leur faire confiance, à en pas avoir peur du « bazar » qu’ils peuvent mettre. Qu’ils sachent y discerner le vent de l’Esprit qui bouscule pour avancer au large et nous conduire tous ensemble sur l’autre rive, afin que le monde entier reconnaisse que tu aimes toute personne humaine et toute ta Création.

Pour approfondir…

Le document préparatoire du prochain synode des jeunes en 2018 est maintenant disponible en français. C’est le texte que vont travailler les évêques pour proposer au Pape des orientations concrètes. Le site de la Conférence des évêques de France dédie une page bien fournie au synode. Elle rappelle entre autres le processus qui a conduit au document préparatoire : la consultation des jeunes, le choix de délégués par pays pour un pré-synode… Et enfin le Vatican prépare l’événement avec le site officiel du synode.

Contact