Fratelli tutti : une encyclique pour notre temps

La fraternité est aussi exigeante car elle nous déplace, elle oblige à regarder ce qui nous fait peur.

Le 3 octobre dernier à Assise dans le tombeau de saint François, le pape François a signé une nouvelle encyclique sur la fraternité : « Fratelli tutti. Sur la fraternité et l’amitié sociale ». C’est sans aucun doute un texte important du magistère de l’Église, particulièrement important en ces temps difficiles que nous vivons. Le pape nous invite à réfléchir aux conséquences concrètes de notre suite de Jésus-Christ. Qu’avons-nous fait de nos frères ? Depuis nos plus proches, jusqu’aux plus éloignés. Ne nous le cachons pas : c’est un texte sombre parce que notre monde nous présente de nombreux défis. Mais c’est un texte qui invite à l’espérance et à l’action car si nous le prenons au sérieux, l’Évangile est un trésor de créativité.

« Nous avons été créés pour une plénitude qui n’est atteinte que dans l’amour. Vivre dans l’indifférence face à la douleur n’est pas une option possible. »

FT §68

Fr. Frédéric-Marie était l’invité de de David Milliat du Jour du Seigneur pour donner quelques clés pour lire ce texte. A travers quelques citations, il nous permet d’entrer dans la logique, dans la saveur du texte… pour le lire toi-même ! Parce que l’enjeu est bien là : comme pour l’Évangile, il ne s’agit pas seulement de lire. Il s’agit de vivre et de mettre en pratique. Et toi ? Face à cet homme humilié et souffrant dont tu croises la route, quel sera ton chemin ? T’éloigner ou oser une rencontre qui déplace ?

« Rêvons en tant qu’une seule et même humanité, comme des voyageurs partageant la même chair humaine, comme des enfants de cette même terre qui nous abrite tous, chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères. »

FT §8

La fraternité n’est pas une simple utopie lointaine. Elle est vivable. Elle crée la joie, une joie qu’on ne peut trouver tout seul. La fraternité est aussi exigeante car elle nous déplace, elle oblige à regarder ce qui nous fait peur.

Comme Frères Mineurs, il faut ajouter une chose : le titre est un extrait du début de l’admonition 6 de saint François, une série de petites exhortations pour vivre en frères :

« Considérons, frères, le bon Pasteur : pour sauver ses brebis, il a souffert la Passion et la Croix. À sa suite, les brebis du Seigneur ont marché à travers les souffrances, les persécutions, les humiliations, la faim, les maladies, les tentations, et toutes sortes d’épreuves. En retour, elles ont reçu du Seigneur la vie éternelle. Nous devrions avoir honte, nous, les serviteurs de Dieu. Car les saints ont agi ; nous, nous racontons ce qu’ils ont fait, dans le but d’en retirer pour nous honneur et gloire. »

Adm 6

Saint François et sans doute le pape François qui sait bien les extraits qu’il choisit, nous disent ainsi que la vraie fraternité se construit à l’exemple de Jésus qui donne sa vie. Quand le dialogue devient impossible, il ne reste plus que le silence du don de soi jusqu’au bout pour espérer renouer la relation. Il nous dit également que tout se joue dans le concret. Il ne suffit pas de raconter les beaux exploits des saints. Notre chemin est celui de la sainteté… Ce que le pape nous rappelle également dans l’exhortation Gaudete et exsultate. Un beau programme de vie !

« Reconnaître chaque être humain comme un frère ou une sœur et chercher une amitié sociale qui intègre tout le monde ne sont pas de simples utopies. Cela exige la décision et la capacité de trouver les voies efficaces qui les rendent réellement possibles. Tout engagement dans ce sens devient un exercice suprême de la charité. »

FT §180

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